Gironde : pour faire des économies, les fumeurs ont trouvé une alternative aux bureaux de tabac
Gironde : pour faire des économies, les fumeurs ont trouvé une alternative aux bureaux de tabac
Depuis plusieurs années, la France, dont la Gironde, est touchée par un trafic international de cigarettes de plus en plus important.
Selon une étude Empty Pack Survey pour l’entreprise de tabac Seita, publiée jeudi 31 mars 2022, plus d’un tiers des cigarettes consommées en France (36,9%) ne provenaient pas du réseau légal des buralistes.
D’autant plus qu’entre 2017 et 2021, ces ventes réalisées hors du réseau des bureaux de tabac ont bondi de 70 %.
Face à un prix du paquet de cigarettes gravitant autour des 10 euros, certains consommateurs girondins n’hésitent plus à prendre leur voiture pour se rendre en Espagne ou en Andorre pour s’approvisionner en tabac.
D’importantes économies pour les consommateurs
Marie, étudiante bordelaise de 22 ans, consomme en moyenne entre 15 et 20 cigarettes roulées par jour. « Oui, on peut me qualifier de grosse fumeuse », dit-elle en rigolant.
Chaque année, la jeune brune se rend en Espagne ou en Andorre pour se fournir en tabac. « Pourquoi je payerai cher des cigarettes en France alors que je peux en avoir à faible coût ailleurs ? », raconte-t-elle.
Depuis septembre 2021, elle n’a plus eu besoin d’acheter de tabac en France mais seulement trois allers-retours lui ont suffi de remplir son stock personnel jusqu’à maintenant.
Ramener des cigarettes de l’étranger est légal
Si se fournir dans d’autres pays est légal, les quantités sont règlementées. Les services des douanes françaises précisent que les voyageurs peuvent rapporter jusqu’à 250 grammes de tabac à rouler et une cartouche de cigarettes (200 unités) d’un autre pays de l’Union européenne.
Pour les personnes revenant d’Andorre, c’est 400 grammes maximum ou une cartouche et demie de cigarettes (300 unités). Il s’agit de quantités par personne, et non par véhicule.
« Même avec l’augmentation de l’essence, ça reste rentable »
Sylvain, serveur dans un bar bordelais, fait lui aussi la navette plusieurs fois par an en Espagne. Le prix du paquet de cigarettes, il l’a connu aux alentours de 6 euros. Malgré l’augmentation du prix de gasoil qui culminait à plus de 2 euros le litre en mars 2022, pour ce fumeur, « ça reste rentable » de faire les aller-retours de Bordeaux à la frontière espagnole que de se rendre au buraliste de son quartier.
« Un aller-retour seul ça me coûte environ 100 euros. Mais en partageant les frais avec des amis, et la cartouche à 45 euros, je suis toujours gagnant ! »
Les buralistes français directement impactés
Et les premiers touchés par ces consommateurs partant en Espagne ou en Andorre, ce sont les buralistes. Nadia, gérante du bureau de tabac des Hangars, situé sur les quais de Bordeaux, observe une baisse de la fréquentation de son commerce depuis quelques temps.
La patronne, désemparée, ne sait pas ce qui pourrait changer la donne : « Qu’est ce qu’on pourrait faire, à part plus de répression ? »
L’augmentation du tabac pour baisser la consommation
Selon Santé publique France (SpF), en 2020 près d’un quart des 18-75 ans (24,0 %) fumait quotidiennement. En 2014, ils étaient 28.5 % à en consommer tous les jours. Une baisse de 15% pour une augmentation de 43% du prix du tabac.
Pour Sylvain, l’augmentation du prix est un sujet complexe. « Oui, il faut lutter contre le tabagisme. Donc mettre des prix élevés, ça permet à des jeunes par exemple de ne pas tomber dedans. Mais pour moi qui fume depuis plus de 10 ans, ça ne me freine pas et ça me vide les poches. »